Les avocats en Tunisie de la colonisation à la révolution (1883-2011)
Sociohistoire d’une profession politique
Monographie
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Coédition IRMC-Karthala | 2014, coll. « Hommes et sociétés » | 27 €
L’auteur | Éric Gobe est politiste, directeur de recherche CNRS et chercheur associé à l’IRMC.
À propos
Autour de l’ouvrage | compte-rendu de la revue Sociologie du travail (avril-juin 2015) ; note dans Le Monde diplomatique (mars 2014)
Résumé | Le 14 janvier 2011, jour de la fuite du président Ben Ali, les images d’avocats tunisiens manifestant dans leur robe noire devant le ministère de l’Intérieur ont fait le tour de la planète. Ce sont aussi bien les médias audiovisuels que le web qui permettent de les véhiculer. Or, elles donnent à penser que les avocats ont joué un rôle fondamental dans les mouvements de protestation. Ils auraient ainsi été des maillons indispensables de la chute du régime autoritaire issu de l’indépendance. Mais s’il convient de nuancer cette analyse, il n’en demeure pas moins que l’avocature, plus que d’autres corps de métier, dispose d’une proximité fonctionnelle avec le politique. Car elle est intimement liée à l’exercice des droits de la défense dans les procédures judiciaires.
L’approche sociohistorique de cet ouvrage est justement de montrer combien les « faits » professionnels peuvent revêtir une dimension politique. En effet, pendant la période coloniale, les revendications des barreaux ont pris un caractère politique, puisqu’elles aboutissaient à exiger un surcroît d’autonomie. In fine, par ailleurs, elles remettaient en cause la domination coloniale. Depuis l’indépendance, sous les présidences Bourguiba et Ben Ali, les aléas de l’exercice autoritaire du pouvoir ont eu un impact sensible sur l’action professionnelle du barreau.
L’analyse de l’histoire de la profession depuis 1956 montre l’ambivalence des relations entre gouvernants et avocats en contexte autoritaire. D’une part, les premiers ont mis en œuvre des instruments de coercition et de clientélisation de la société pour exercer leur domination. D’autre part, les seconds ont mobilisé des ressources juridiques et un savoir-faire professionnel pour intervenir dans le champ du pouvoir.