Présentation du dossier n° 26 de l’Année du Maghreb : Violences du passé, politique(s) au présent ?

Détails
Rédacteur en chef du dossier thématique : Éric Gobe.
Invités : Éric Gobe, politologue et chercheur associé à l’IRMC et Frédéric Vairel (École d’études politiques de l’Université d’Ottawa).

Quand et où ?
Le 24 mars 2022 à partir de 17h30, à l’IRMC.

À propos du dossier :

Auteurs : Frédéric Vairel, Mansour Kedidir, Yazid Ben Hounet, Morgane Jouaret, Sidi N’Diaye, Dima De Clerck, Badiha Nahhass et Ahmed Bendella, Sélima Kebaili, Yves Mirman ; sous la direction de Frédéric Vairel ; rédacteur en chef du numéro: Éric Gobe. 
Éditeur : CNRS Editions
Année d’édition : 2020

Quand vient le moment de traiter les violences du passé, les gouvernants – qu’ils en aient été les instigateurs ou légataires – marquent leur préférence pour l’évitement de la confrontation judiciaire ou pour l’amnistie. Au Maghreb, ces formes de justice post-conflit, combinées à des indemnisations financières, sont perçues par les victimes comme un solde de tous comptes, un simple « prix du sang », alors qu’elles recherchent l’attestation de leur perte et la reconnaissance de leur douleur.
En dépit des multiples arsenaux juridiques qui interdisent l’évocation du passé ou sa mise en cause judiciaire, des groupes de victimes et leurs familles trouvent dans la justice transitionnelle des ressources pour faire entendre leurs voix et rendre publique leur souffrance. Les recompositions socio-politiques à l’œuvre après les soulèvements arabes ont vu fleurir des procédures – auditions, procès, jugements et/ou accords politiques – pour examiner et tenter de solder ces violences. L’analyse des usages de la justice transitionnelle révèle son ambiguïté : centrée sur les individus dont elle prétend rétablir les droits et réparer les torts subis, elle est aussi le moyen de délimiter, encadrer et organiser les confrontations avec le passé.
Fondées sur une connaissance intime de différents terrains (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie ou Liban), les contributions de ce numéro interrogent la façon dont les régimes de la région se positionnent ou font avec cette « bonne » manière de traiter les passés violents. Les articles réunis analysent aussi la manière dont les opposants et leurs soutiens internationaux se saisissent de la justice transitionnelle dans leurs compétitions et luttes politiques.