Nessim Znaien

Nessim Znaien

CV ET BIBLIOGRAPHIE 

Date d’entrée pour les associé.es : depuis 2016
Titre et institution de rattachement : Depuis le 1er avril 2022, il est Professeur junior en Histoire du Maghreb colonial/postcolonial à l’Université de Marburg. Il est Docteur en Histoire contemporaine, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, chercheur associé à l’IRMC. Il est également chercheur associé au Centre for Middle Eastern Studies (CNMS) et chercheur associé de l’UMR 7303 TELEMMe (MMSH d’Aix-en-Provence.
Discipline et objet de recherche : Nessim Znaien travaille sur l’Histoire des produits alimentaires de première nécessité en Méditerranée, la culture matérielle et alimentation, en contexte de colonisation, l’alcool et les normativités dans le monde musulman contemporain ainsi que sur l’
Afrique du Nord aux XIXe-XXe siècles.

Activités de recherche

Thèse de doctorat : Les raisins de la domination. Histoire sociale de l’alcool en Tunisie sous le Protectorat français (1881-1956)

Sa thèse porte sur l’impact de la colonisation sur un territoire de la rive sud méditerranéenne, la Tunisie, étudié à travers des produits issus de la culture matérielle : les boissons alcoolisées. Ses sources en arabe, français et italien regroupent autant la correspondance de la haute administration, que la presse, les écrits littéraires, les archives policières, judiciaires et hospitalières. Il a d’abord essayé de savoir si la période concernée correspond à une croissance de la production et de la consommation de ces produits. À la suite de la crise du phylloxera en France à la fin du XIXe siècle, de nombreux viticulteurs émigrent en Tunisie, où un nouveau marché du travail se créé, disputé par des réseaux français et italiens. Le vignoble planté en Tunisie est d’abord destiné à produire du vin de masse, coupé en métropole avec des vins du Languedoc ou servi directement aux ouvriers de région parisienne et aux paysans des régions métropolitaines les plus pauvres. Il est concentré au nord du pays, en raison du climat, du faible coût des terres et de la proximité des ports d’exportation. Les colonisateurs français voient également dans cette opportunité économique, une manière d’inscrire leurs pas dans le modèle agricole de l’Empire romain. A contrario, la période du Moyen Âge arabe et musulman est rejetée, comme synonyme de décadence civilisationnelle, qui se serait traduite par des arrachages des vignes et la désertification du pays. Parallèlement à la mutation des paysages agricoles, la période coloniale voit également une modification des paysages urbains, en partie sous l’effet des hinterlands viticoles. Les usines de production de bière, les distilleries, les marchands de vin ou les débits de boissons voient leur nombre augmenter dans les villes et permettent d’envisager les vins et les boissons alcoolisées comme des « filières », regroupant des producteurs, des distributeurs, des commerçants et des consommateurs.

Dans un second temps, il a cherché à comprendre l’évolution des perceptions sur la consommation des boissons alcoolisées. Il s’est notamment intéressé à la circulation des idées associées à l’alcool, à travers les publicités. Dans le cadre d’une nouvelle circulation des alcools en ville, il s’est également attaché à étudier les éventuels transferts de politiques de gestion de l’ordre social entre la métropole et ses colonies, et en particulier la Tunisie. Il a ainsi voulu savoir si les vagues de prohibition ou au contraire de libéralisation étaient concomitantes et comparables durant cette période, et il a  cherché à identifier les acteurs de ces circulations. Les deux guerres mondiales sont à ce titre des moments clés de la prohibition impériale. Cependant les échanges culturels ne comprennent pas uniquement les politiques prohibitives mais concernent aussi la valorisation des produits consommés. Ainsi dans une chronologie proche de la métropole, un mouvement de patrimonialisation du vin s’opère en Tunisie dans l’entre-deux-guerres. L’Office du vin est créé en 1927 dans le but explicite de proposer un vin de qualité sur le marché international. D’autres institutions suivent, comme L’Organisme de Protection et de Contrôle de la Viticulture (OPCV). L’après Seconde Guerre mondiale voit la création de l’appellation « Vin supérieur de Tunisie » en 1948 puis « Muscat de Tunisie » en 1949. Au moment de l’indépendance, les vins classés ne représentent que 5% des vins produits en Tunisie mais sont de véritables arguments politiques, une vitrine du Protectorat, en bonne place dans toutes les foires internationales et autres manifestations présentant la colonie.

Participation à des programmes de recherche
2021 – Membre du programme de la British academy (UK), “Traces of Jewish Memory in Contemporary Tunisia” (Daniel LEE dir.)
Travaux réalisés : Étude en cours sur l’histoire et la mémoire de la culture alimentaire juive tunisienne.
2020 – Membre du Labex EHNE (Encyclopédie d’Histoire Numérique de l’Europe) (http://ehne.fr)
Travaux réalisés : Coordination du dossier « Colonisation et environnement », dans la thématique « Écologies et environnements en Europe ».
2017-2020 – Membre de l’ERC : « TARICA » (Alia GANA dir.). Projet sur « Les historiens dans la Tunisie post-révolutionnaire (2013-2018) » (Budget estimé : 2.000.000 euros).
Travaux réalisés : Entretiens semi-directifs avec des doctorants, des historiens tunisiens sur le thème de la justice transitionnelle et la pratique de l’histoire actuellement en Tunisie. Étude sur les manuels scolaires tunisiens.
2017-2019 – Membre du projet : « Bourgeon » (Philippe BOURMAUD, Élife BICER, Nicolas ELIAS dir.). Projet sur « Écrire sur l’alcool et les drogues en Tunisie et en Algérie des années 1970 à nos jours » (Budget estimé : 10.000 euros)
Travaux réalisés : Mission de recherche à la bibliothèque nationale de Tunis, sur le thème de l’alcool en Tunisie depuis les années 1960. Réalisation et gestion du carnet de recherche hypothèse.
2014-2019 – Coordination du programme : « L’alcool dans l’Empire colonial français, XIXe-XXe », financement de la Fondation pour la Recherche en Alcoologie (FRA) (Budget estimé : 24.000 euros).
Travaux réalisés : Coordination des missions de recherche, missions réalisées personnellement dans les archives coloniales et bibliothèques nationales à l’étranger (Maroc, Algérie, Liban, Sénégal, Côte d’Ivoire).

Responsabilités de recherche
2021-2023 – Membre du Conseil d’Administration de l’association du Réseau Universitaire de Chercheurs en Histoire Environnementale (RUCHE).
2018-2020 – Membre du comité de rédaction et responsable communication de la revue L’Année du Maghreb, (revue scientifique à comité de lecture) (https://journals.openedition.org/anneemaghreb/).
2018 – Membre du comité scientifique du colloque annuel des Jeunes Chercheurs en Études Africaines (JCEA), juin.
2016 – Consultant web-documentaire, Vous avez dit arabe ?, IMA.
2012-2013 – Trésorier de l’association Halqa (association de jeunes chercheurs sur les mondes arabes et musulmans).

Organisation d’événements
2019 – Atelier, organisation, Rendez-vous de l’histoire du monde arabe, L’alcool, l’islam et le corps : du tabou à la bouche, Paris, avril.
2019 – Atelier, organisation, congrès de l’IEHCA, L’intervention des pouvoirs publics dans l’alimentation en Méditerranée, Tours, juin.
2018 – Workshop, organisation, congrès de l’ASAI, The minority issue in colonial Maghreb during the 20th century : between identity building, political mobilization, and trans-Mediterranean dynamics, Bologne, septembre.
2017-2018 – Séminaire jeune chercheur, co-organisation (avec Mélissa Eugénie et Antonin Plarier), Université d’Aix-Marseille, MMSH.
2015 – Journée d’étude, co-organisation (avec Rached Lakhal), L’alimentation dans l’Histoire de la Tunisie, Université de Sousse, mars.
2015 – Atelier, organisation, congrès du GIS, L’alimentation au Moyen-Orient et dans les Mondes musulmans : de la trilogie méditerranéenne à l’explosion des modèles alimentaires ?, Paris, juillet.
2015 – Table ronde, organisation, congrès de l’IEHCA, Boire en Europe et outre-mer à l’époque contemporaine, Tours, mars.
2015 – Table ronde, organisation, Rendez-vous de l’histoire de Blois, Ivresses impériales, octobre.
2014-2016 – Séminaire jeune chercheur, organisation, IRMC (Tunis).
2013 – Journée d’étude, co-organisation (avec Charlotte Courreye, Augustin Jomier, Philippe Pétriat et Mehdi Sakatni), premières rencontres de la Halqa, association de doctorants sur le monde musulman. GIS, IUF,
IISMM, Paris, 6-7 Juin.