Journée d’étude: Contraintes et libertés de la recherche scientifique au Maghreb

L’IRMC organise, les 20 et 21 septembre 2024 à Tunis, la journée d’étude Contraintes et libertés de la recherche scientifique au Maghreb. Cette journée est  coordonnée par Katia Boissevain, directrice de l’IRMC et Jérôme Heurtaux, MCF à l’Université Paris-Dauphine, PSL Research University.

Argumentaire

S’il est évident que partout, la recherche en sciences humaines et sociales est impactée, voire limitée, par l’état de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), le contexte économique ou la situation politique, l’expérience des pays du Maghreb est fréquemment présentée sous l’angle d’une crise plurielle. Les ingrédients de cette crise sont connus : sclérose d’une recherche sous-financée, poids de la bureaucratie universitaire, crise des vocations, parfois conjugués à des recrutements de complaisance, une dégradation spectaculaire des infrastructures et même la violence étudiante.

Dans ce contexte général de désacralisation du monde universitaire (Dris-Aït Hamadouche et al., 2022), la réalisation d’une recherche scientifique rencontre maints obstacles. L’objectif de cette journée d’études est d’en repérer les plus significatifs et d’explorer les principales contraintes qui pèsent aujourd’hui sur l’accès et la conduite du métier de chercheur (et d’enseignant-chercheur) et sur les premiers concernés : doctorants et jeunes recrutés. Quels facteurs internes à l’ESR – routines intellectuelles, poids du mandarinat, faiblesse des financements, etc. – et externes – verrouillage de certaines archives, fermeture de terrains sensibles, entrave aux mobilités – pèsent-ils sur le choix des objets de recherche ou sur la conduite d’un terrain et font-ils de la recherche en SHS une recherche relativement empêchée ? Quels sont, plus fondamentalement, les impacts de la situation politique sur la recherche ? En Tunisie, en particulier, comment l’ouverture intellectuelle induite par la révolution de 2010-2011 s’est-elle manifestée dans le domaine de la recherche en SHS ? Quid de celle-ci depuis le 25 juillet 2020 ?

La publication récente d’un ouvrage sur les atteintes aux libertés académiques en Europe et dans d’autres pays (Heurtaux, 2024) – phénomène global s’il en est (Frangville et al, 2021) – incite enfin à interroger la notion de liberté scientifique dans le contexte maghrébin et réfléchir aux modalités possibles de promotion cette valeur au sein de la communauté universitaire comme à l’extérieur.