L’IRMC invite, le 15 mars 2023 à 14h, Katharina Lange, responsable de l’unité de recherche « Environnement et justice » au Centre Leibniz pour l’Orient Moderne (ZMO), pour présenter sa conférence « Now is not the Time’ : violence, disparity and temporal disorder in olive cultivation in Afrin, Syria ».
Coordination et discussion: Jamie Furniss, anthropologue, chercheur à l’IRMC.

Résumé

L’occupation de la région d’Afrin, en Syrie, par des milices islamistes sous contrôle turc en 2018 a entraîné un changement démographique important. Déplaçant une grande partie de la population kurde de la région, elle a entraîné un afflux de colons opposés au régime d’Al-Assad, dont beaucoup, mais pas tous, ont eux-mêmes été déplacés de force. Dans cette région frontalière marquée par les conflits passés et la violence actuelle, les projets d’avenir sont profondément liés au désespoir, à la perte et à la dépossession vécus par les premiers habitants.
Ces questions seront examinées sous l’angle des pratiques et des représentations de la culture et de la plantation. L’agriculture, notamment la culture de l’olivier, a longtemps fourni des revenus, du travail, et a été le support d’identités locales et même ethniques dans cette région. Après 2018, parmi d’autres transgressions, les agriculteurs locaux ont été violemment dépossédés par la saisie ou la  » taxation  » de la récolte d’olives et d’autres cultures ; les vergers ont été endommagés par le bétail en pâture, les arbres fruitiers ont été coupés et vendus pour le bois de chauffage ou déracinés et enlevés pour des projets d’infrastructure ou militaires. Ces dynamiques ont de profonds effets de temporisation, car les profits à court terme réalisés par la dépossession et le pillage, mais aussi les revendications de domination politique et démographique future exprimées par la construction, sont juxtaposés à des décennies de soins passés investis dans les arbres fruitiers et l’agriculture. S’appuyant sur des rapports publiés et des comptes rendus sur les médias sociaux, ainsi que sur des conversations avec d’anciens habitants de la région, cet article dresse la carte de ces changements violents avec en toile de fond les pratiques agraires et les relations sociales avant 2018, et s’interroge sur le lieu et les personnes pour lesquelles il est possible d’envisager et de planifier l’avenir dans ce contexte.

La conférence sera donnée en langue anglaise à Columbia University, Avenue de Carthage Tunis.