L’IRMC a organisé, le 10 février 2022, une présentation-débat autour du livre Jemna, l’oasis de la révolution, en présence de son auteur, Mohamed Kerrou. La discussion a été animée par Marouen Taleb, chercheur à l’IRMC co-coordinateur du projet « Gestion Locale des Migrations ».
Regardez la vidéo sur la chaîne Youtube de l’IRMC : Présentation de l’ouvrage de Mohamed Kerrou
À propos de l’ouvrage
Deux jours avant la chute du régime de Ben Ami, des jeunes de Jemna, oasis du Sud-Ouest tunisien, organisent une action visant à récupérer Henchir El Mâamer. Cet ancien domaine colonial, couvrant plus de 300 hectares et produisant des dattes de qualité, nationalisé en 1964 et exploité par l’État, est loué à des particuliers en 2002, moyennant des sommes modiques.
Depuis 2011, le Henchir est géré par l’Association de protection des oasis de Jemna qui se revendique de l’économie sociale et solidaire. Elle investit les bénéfices des récoltes dans des projets en faveur de la communauté.
La récupération de la terre par les Oasiens constitue un enjeu majeur dans le conflit qui oppose l’État à la société locale, la légalité à la légitimité. L’affaire est toujours en suspens, après avoir connu des procès, des jugements voire des compromis.
Or, Jemna a réussi là où la « révolution de la dignité » a échoué, grâce à une mobilisation des citoyens attachés à la « terre des ancêtres » et à une démocratie participative qui permet de débattre librement des « affaires de la cité ».
Cette monographie, née d’une immersion auprès des Jemniens et d’une exploration des archives, montre que l’affaire de Jemna résulte d’un processus historique où se conjuguent un contexte révolutionnaire et une triple tradition locale : savante, migratoire et militante.
Selon l’auteur, quelle que soit l’issue de l’affaire, l’expérience de Jemna survivra dans la mesure où elle a permis non seulement de réactiver une mémoire historique de la rébellion mais également de redéfinir, à l’échelle locale et régionale, une nouvelle conception des rapports entre l’État et la société, à l’ère de la globalisation.