Présentation de l’ouvrage de Fatma Ouseddik « Avoir un ami puissant… »

L’IRMC a accueilli, le 9 février 2023, la sociologue et militante féministe Fatima Ouseddik pour présenter son ouvrage “Avoir un ami puissant… Enquêtes sur les familles urbaines Alger – Oran – Annaba”, en discussion avec Kmar Bendana.

Résumé
Les familles algériennes ont connu des mutations rapides et profondes, qui ont transformé la société. Afin de maintenir un statu-quo, la réponse apportée à chaque crise a été fondée sur un césarisme. En effet, et dès l’indépendance du pays en 1962, l’Etat algérien post-colonial a inscrit son action dans une logique empruntant à la fois au jacobinisme et au Bonapartisme de l’Etat français, et à son organisation centralisatrice autour de la figure du Raïs, sur laquelle s’est construit le nationalisme arabe… Il s’est, alors interdit d’entendre les réalités diverses et complexes des familles algériennes. C’est de cette culture qu’est né un pouvoir qui s’épuise. Pour l’auteure, le mouvement social est comme une spirale qui se régénère, face à un pouvoir immobile dans ses réponses. Se voyant en péril, cet État fait l’économie d’une réflexion qui prendrait en compte les caractéristiques sociales, économiques et politiques d’une Algérie qui se relevait d’une douloureuse expérience coloniale, mais qui n’en possédait pas moins une histoire, marquée par une idéologie de la libération. Dans cet ouvrage, l’auteure s’interroge sur les fondements des liens familiaux à partir de la question : « comment, et avec quoi, fait-on famille en Algérie ? ». Associant la recherche de traces à partir de documents, à des entretiens approfondis de terrain, elle tente de répondre à cette interrogation à partir de l’analyse de trajectoires familiales dans 3 villes d’Algérie : Alger, Oran, Annaba. Ces entretiens ont aussi montré les points d’appui dont des familles ont pu, ou peuvent encore, bénéficier, dont « un ami puissant ». Le récit se fait l’écho des ruptures, des blessures que les familles algériennes ont dû affronter au long de leur histoire en se donnant comme objectif ultime de « durer ».